Tranche de vie de prof – un sujet délicat, que peu oseront aborder: les étudiants étrangers qui utilisent le système comme porte d’entrée vers l’immigration.
« Je demande une révision de note. Je suis étudiant international, chaque cours me coûte près de 3000 $, et je dois maintenir une moyenne élevée pour conserver mon statut. »
Un tel message provenait d’un étudiant en situation d’échec. Peu engagé tout au long de la session, absent du projet d’équipe, et dont les réponses à l’examen – après révision – affichaient une qualité anormalement élevée.
Et ce n’est malheureusement pas un cas isolé.
Je comprends la pression énorme que vivent certains étudiants internationaux. Étudier à l’étranger représente un investissement majeur, une adaptation culturelle, et bien souvent un projet de vie. Mais mon rôle comme enseignant n’est pas d’évaluer une intention ou une situation personnelle. Il est d’appliquer des critères rigoureux, de manière juste et équitable, pour tous.
Or, trop souvent, je constate :
- Des demandes de révision sans le moindre argument académique valable;
- Des pressions pour hausser une note uniquement afin de préserver une moyenne;
- Et parfois, des accusations de discrimination dès que je refuse de faire une exception.
Être juste, c’est traiter tout le monde selon les mêmes standards. Pas selon les circonstances individuelles.
Ce n’est pas de l’insensibilité. C’est la base de l’intégrité académique.
P.S. Ceci dit, je tiens à souligner que la grande majorité des étudiants étrangers (ou non!) à qui j’ai eu le privilège d’enseigner sont engagés, respectueux, et animés d’un réel désir d’apprendre et de contribuer.
Ayant côtoyé le système au-delà du milieu universitaire, je constate les mêmes dynamiques dans le professionnel postsecondaire. Moins dispendieux, oui, mais les comportements problématiques restent.
Les schémas sont connus : demandes d’extensions à répétition (souvent liées aux visas), et directions qui poussent à la réussite coûte que coûte pour sécuriser les fonds publics.
Comme le souligne Vanessa Henri, le système devrait fixer les balises. Mais en évitant d’assumer ce rôle, il fausse le jugement des élèves.
S’adresser à l’administration donne un sursis… mais à terme, c’est l’élan pour le changement qu’on étouffe. Que faire ?
Managing Partner @ Ceiba Law | Top 20 Women in Cybersecurity Canada, Top 40 under 40, IFSEC Global Security Influencer, Top 3 Women in Cybersecurity Law Global.
4 months ago
À l’inverse, les universités ont un système de financement à deux niveaux et comme les étudiants internationaux paient, ils sont acceptés. J’ai eu des cours de maitrise en droit avec des étudiants étrangers qui n’ont pas fait le droit. En plus d’être plus difficile pour eux, cela ajoute un stress énorme d’être la personne qui aurait pas dû être sélectionnée, dans un nouveau pays avec une charge financière lourde. C’est beaucoup de frais, et ils n’ont pas le droit de travailler beaucoup. Alors, je vais faire l’avocate du diable. Pourquoi est-ce qu’on accepte des étudiants qui auront beaucoup de difficultés à réussir, si non pour l’argent? Et après, on va dire que c’est une porte à l’immigration, eh bien c’est un peu ce qui arrive. Si on me soucie pas de l’étudiant, il voit ceci comme une porte. Cela étant dit, l’histoire ne dit pas pourquoi il est moins engagé. Il y a beaucoup de présomptions ici, incluant que la personne aura un jour un passeport. À noter, ce n’est pas une porte d’immigration facile, on parle de plusieurs années et plusieurs milliers de dollars. On blame les joueurs pour les règles d’un jeu qu’ils n’ont pas écrit.
Je prends un grand soin à préparer la grille de correction avant de donner le travail. Je m'assure que ce qui est évalué est enseigné (et compris, c'est le bout difficile). J'intègre aussi les commentaires des étudiants reçus à la fin de la session. Ensuite, un étudiant est un étudiant, évalué le plus équitablement que possible. Mon conseil aux étudiants : venez nous parler de vos défis avant l'évaluation...